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Charles De Wailly à l’œuvre

Charles De Wailly, Temple de l’Amitié, 1782. Albertina, Vienne

Appel à communication. En 1979, l’exposition Charles De Wailly, peintre architecte dans l’Europe des Lumières mettait sur le devant de la scène une des figures majeures de l’architecture du XVIIIe siècle, distinguée notamment par la construction de la Comédie-Française avec Marie-Joseph Peyre. Depuis ce travail fondateur mené par Michel Gallet, Monique Mosser et Daniel Rabreau, d’autres chercheurs ont apporté leur pierre à l’édifice au travers de nouvelles études consacrées à ses théâtres (M. Sajous d’Orjas, Y. Brault, N. Bouchon, Ch. Loir, H. Volle), à ses projets d’urbanisme (J. Pronteau, Ch. Loir, G. Larguier), à ses demeures françaises (Y. Beauvalot, B. Pons, N. Francoeur, P. Pinon, Ph. Cachau, A. Lebeurre, E. Pénicaut) et européennes (H.C. Dittschied, A. Van Ypersele de Strihou, X. Duquenne, C. Spinola Olcese Spingardi, A. Perrin-Khelissa) ou encore à son milieu (G. Scherf, J. Barrier, N. de Blomac, S. Descat, P. Michel, U. Van de Sandt, Ph. Cachau, M.L. Pujalte-Fraysse). Si la bibliographie est riche, les informations sont très dispersées ; nous aimerions réunir les chercheurs pour offrir une mise au point sur les connaissances actuelles et ouvrir de nouvelles perspectives. Dans la lignée des journées d’études sur le métier de l’architecte au XVIIIe siècle (2017-2018) et des publications sur Jean-François Chalgrin (2016) et François-Joseph Bélanger (2021), nous souhaitons poursuivre la réflexion afin d’éclairer l’œuvre fascinante de De Wailly.

À l’occasion de cette journée d’études, qui se tiendra le jeudi 4 décembre à l’université de Poitiers, Mme Anne-Sophie Traineau-Durozoy, conservatrice du fonds ancien de la bibliothèque universitaire de Poitiers, nous présentera les archives de la famille d’Argenson déposées dans son institution.

Cette journée d’étude est co-organisée par le Criham (UR 15507), université de Poitiers, le CRHA F.-G. Pariset (UR 538) et le Ghamu (https://www.ghamu.org/)

Axes privilégiés

1 – Au service des élites européennes

Très tôt, dès ses années de formation, Charles De Wailly bénéficie de la confiance d’un puissant personnage, le marquis de Voyer, bâtisseur passionné et collectionneur reconnu. Au cours de la décennie 1760-1770, il devient un architecte en vue, œuvrant pour des figures brillantes de la haute société parisienne et provinciale : Jean-Philippe Fyot de La Marche, Premier Président au Parlement de Bourgogne, le marquis de Villette, le comte de Tonnerre et le marquis de Marigny. Puis, à partir des années 1770, la réputation de Charles De Wailly franchit les frontières. Auréolé de ses succès à la cour de France – l’architecte a alors travaillé à l’Opéra royal et son projet pour la Comédie-Française a été accepté par Louis XV –, il est sollicité par le fastueux ambassadeur génois Cristoforo Spinola, puis par l’exigeante Catherine II de Russie. Quelques années après, financiers et grands seigneurs des Pays-Bas autrichiens sont également sensibles à ses talents, tout comme l’est également le landgrave de Hesse à Cassel. Enfin, les bouleversements révolutionnaires n’entament pas son crédit : il a la confiance des nouvelles élites, comme l’attestent sa mission aux Pays-Bas confiée par le Comité de Salut public puis sa nomination à l’Institut par le Directoire.

La journée d’études sera ainsi l’occasion de revenir sur les réseaux et les sociabilités, notamment franc-maçonnes, qui ont fait la carrière européenne de l’architecte. Dans cette recherche, le fonds d’Argenson conservé à la Bibliothèque universitaire de Poitiers constitue une source exceptionnelle qui n’a pas encore livré toutes ses richesses concernant le patronage du marquis de Voyer et son réseau d’artistes. Au-delà, il s’agit également d’actualiser nos connaissances concernant ses autres clients, notamment : la direction des Bâtiments du roi, la confrérie du Saint Sépulcre, Pierre Bourgeois de Boynes, le duc d’Aiguillon, le marquis de Villette, Barthélemy Louis Rolland de Villarceaux, Mme de Vernage, le comte de Provence ou encore les grands seigneurs russes. Mais le prestige de cette clientèle et la beauté des projets soumis par De Wailly ne doivent pas masquer les difficultés rencontrées. Si la publication de certaines de ses œuvres dans L’Encyclopédie lui assure une visibilité européenne, l’architecte peine ensuite à concrétiser des projets ambitieux dans les années 1780-1790. Dans ce contexte, l’examen de sa situation financière serait un apport éclairant pour mieux comprendre les aléas d’une carrière au service des élites.

2- Le milieu professionnel

Pour répondre aux demandes de ses prestigieux commanditaires, Charles De Wailly s’entoure de jeunes architectes français et étrangers tels Pierre-Adrien Pâris, Bernard Poyet, Jean-Pascal Lenot, Charles Norry ou encore Vassili Bajenov et Heinrich Jussow. Comment fonctionne son agence ? Comment ces talents prometteurs le secondent-ils sur ses chantiers ? Il importe de mieux documenter le parcours de ces disciples et l’influence du maître sur leur pratique. Hors du royaume, De Wailly doit aussi collaborer avec les architectes locaux parmi lesquels Andrea Tagliafichi à Gênes, Louis Montoyer et Antoine Payen dans les Pays-Bas autrichiens. Comment s’organise la coopération avec eux, entre admiration, émulation et rivalité ? On s’interrogera sur les rapports entre la célébrité parisienne et ses confrères locaux qui devront travailler avec lui mais qui, pour certains comme Simon du Ry à Cassel, ne manquent pas de questionner sa légitimité.

Une fois le projet accepté, comment l’architecte exerce-t-il la direction du chantier auprès des différents corps de métiers ? D’une ville portuaire à une cheminée, en passant par une chaire d’église ou des loges de théâtre, on s’intéressera aux rôles respectifs de l’architecte et de ses praticiens, entrepreneurs, artisans et artistes. Parmi eux, il conviendra de distinguer les liens privilégiés qu’entretient De Wailly avec les peintres et sculpteurs figuristes : Augustin Pajou, bien sûr, mais aussi les principaux peintres d’histoire du temps – Durameau, Briard, Fragonard, Lagrenée, Doyen, Callet, entre autres – à qui De Wailly ménage de belles opportunités au sein de ses bâtiments.

Partisan de l’union des arts, De Wailly en fait lui-même la démonstration en étant exceptionnellement membre des deux académies royales, celle d’architecture et celle de peinture et de sculpture. Dans l’effervescence révolutionnaire, il est à la manœuvre pour promouvoir de manière inédite les intérêts des artistes à travers la Société des Amis des Arts (1789), puis, s’associant aux défenseurs des sciences et des lettres, à travers la Société philotechnique (1795). Parallèlement, il poursuit son action au service des arts au sein des nouvelles instances publiques devenant commissaire de la Commune des arts, conservateur du Museum puis membre de l’Institut (1795). Fort de son entregent et de son engagement fraternel en faveur des artistes, De Wailly passe sans encombre de l’Ancien Régime au nouveau système des arts. Le rôle de l’architecte au sein de ces diverses institutions mérite d’être approfondi tout comme son vaste réseau professionnel ouvert également à d’autres disciplines (citons, entre autres, ses liens avec le chimiste Antoine François Fourcroy et le géologue Barthélemy Faujas de Saint-Fond).

Comité scientifique

Alexia Lebeurre, Maître de conférences en Histoire de l’art moderne, Université Bordeaux Montaigne

Anne Perrin-Khelissa, Professeur en Histoire de l’art moderne, Université Toulouse-Jean-Jaurès

Marie-Luce Pujalte-Fraysse, Maître de conférences HDR en Histoire de l’art moderne, Université de Poitiers

Daniel Rabreau, Professeur émérite en Histoire de l’art moderne, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne

Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Responsable du Pôle Collections et du Service des collections remarquables, Service commun de la documentation de l’Université de Poitiers

Modalités de soumission

Les communications dureront 20 minutes. Les propositions comporteront un titre et un résumé d’environ 2500 signes (espaces compris), accompagnés de 5 mots-clés, d’une courte bibliographie et du CV de l’auteur.

Ces propositions devront être transmises au format pdf au plus tard le 30 septembre 2025 à Alexia Lebeurre et Marie-Luce Pujalte-Fraysse, aux adresses suivantes :

alexia.lebeurre@u-bordeaux-montaigne.fr

marie.luce.pujalte.fraysse@univ-poitiers.fr

Pour télécharger le PDF de l’appel : 2025_JE_DeWailly

 

Répertoire des expositions temporaires d’architecture en France (1914-1977)

Léa Tichit, Répertoire des expositions temporaires d’architecture en France (1914-1977), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, Les Cahiers du Centre François-Georges Pariset – hors-série n° 13, 2025, 238 p.

Cet ouvrage constitue le premier répertoire des expositions temporaires d’architecture organisées sur le territoire français de 1914 à 1977, de la prise en main du média par de jeunes architectes modernes à l’institutionnalisation de la pratique et du médium. Ces manifestations aux formes, aux acteurs, aux raisons et aux enjeux divers, sont particulièrement mal connues ; pourtant, elles n’ont cessé de se multiplier à la période contemporaine, preuve d’un intérêt grandissant à l’égard de l’exposition et de l’architecture. Cet inventaire met au jour près de 350 événements intégrant l’architecture, auxquels il faut ajouter les éditions des neuf salons et expositions récurrentes. Issu d’un travail de thèse de doctorat en histoire de l’art contemporain, ce recensement inédit a été majoritairement établi à partir de la consultation systématique des principales revues spécialisées en architecture et du repérage des catalogues d’expositions dont les références sont également indiquées. Il s’agit d’un outil mis à la disposition de la communauté scientifique, ou soumis à la considération du curieux, qui peuvent l’interroger à l’aune de leurs intérêts grâce à deux index et à différentes entrées : chronologique, thématique ou encore typologique.

Léa Tichit est docteure en histoire de l’art contemporain de l’Université Bordeaux Montaigne, chercheure rattachée au Centre de recherches en histoire de l’art F.-G. Pariset (UR 538) et membre accueilli au Laboratoire Framespa (UMR 5136 – CNRS). Dans la continuité de sa thèse de doctorat (dir. Gilles Ragot, Nicolas Meynen), ses recherches portent sur les expositions d’architecture organisées en France à la période contemporaine, sur la mise en collection du médium et sur l’institutionnalisation de la pratique.

SOMMAIRE

Léa Tichit, “Écrire l’histoire des expositions d’architecture françaises”, p. 9-14.

Répertoire des expositions, p. 17-209.

Annexes, p. 213-218.

Le portail de l’église de Saint-Macaire

Annonce de conférence. Chiara Piccinini donne une conférence sur le portail de l’église de Saint-Macaire le jeudi 22 mai, à 17 h, à la Société archéologique de Bordeaux, hôtel des sociétés savantes, 1 place Bardineau, 33000 Bordeaux.

J.-A. Brutails, Façade [de l’église] de Saint-Macaire, s.d., plaque de verre photographique, Musée d’ethnographie de l’université de Bordeaux, inv. 969.2.25

Le constat s’impose : ces cent dernières années, le portail sculpté de l’église de Saint-Macaire n’a pas soulevé l’enthousiasme des savants. Dire que l’édifice avait été l’un des premiers de la Gironde à être
classé monument historique, en 1840… Mais au XXe siècle, tantôt ignoré, tantôt à peine évoqué dans la littérature, ce petit portail semble avoir été liquidé comme une œuvre banale, reprenant platement les modèles iconographique et formels des grands chefs-d’œuvre gothiques.
Circulez, il n’y a rien à voir ? Pas tout à fait. S’il est vrai que ses sculptures sont très endommagées et un peu sommaires, l’étude de cet ensemble présente de nombreuses raisons d’intérêt et soulève bien
de questionnements.

Regards sur l’architecture religieuse à Alger

Naouel Nessark, Regards sur l’architecture religieuse à Alger, préface de Dominique Jarrassé, Paris, L’Harmattan, coll. “Histoire et perspectives Méditerranéennes”, 2025, 386 p.,152 ill.

Cet ouvrage explore l’architecture religieuse de la ville d’Alger durant la période coloniale. À travers une analyse détaillée des édifices, des lieux de culte et de leurs transformations au fil du temps, l’auteur interroge l’influence de l’histoire coloniale sur la construction et la perception de ces espaces. L’étude propose une lecture croisée des aspects architecturaux et cultuels, en tenant compte des contextes historique et politique de l’époque.

Ce travail met en lumière les enjeux de mémoire et de préservation des bâtiments religieux en Algérie, en soulignant leur état actuel et les défis de leur conservation dans le contexte contemporain. Le livre invite à une réflexion sur la sauvegarde et la valorisation de ce patrimoine méconnu, tout en offrant un regard critique sur les rapports entre architecture et pouvoir colonial. 

Cet ouvrage, présenté par l’auteur aux éditions L’Harmattan le 22 février, est issu des recherches doctorales menées sous la direction de Dominique Jarrassé (université Bordeaux Montaigne, CRHA F.-G. Pariset UR 538) et Mohamed Dahli (maître de conférences à l’université Mouloud Mammeri, Tizi Ouzou), voir : https://pariset.hypotheses.org/5130

Sur le profil et les publications de Naouel Nessark, architecte et historienne de l’art : https://pariset.hypotheses.org/naouel-nessark

Des détours au parcours de l’architecte Pierre Lajus (1930-…). Le programme de la maison individuelle comme support de conceptualisation de pratiques (1948-2015)

Christelle Floret soutiendra sa thèse de doctorat d’histoire de l’art contemporain, intitulée Des détours au parcours de l’architecte Pierre Lajus (1930-…). Le programme de la maison individuelle comme support de conceptualisation de pratiques (1948-2015), le 19 février 2025 à 14h00 dans l’amphithéâtre de la maison des Suds (université Bordeaux Montaigne, esplanade des Antilles, Pessac). La soutenance est publique.

Cette thèse a été menée sous la direction de Gilles Ragot, professeur émérite en histoire de l’art contemporain à l’université Bordeaux Montaigne (CRHA F.-G. Pariset, UR 538). 

Le jury est composé de Gilles Ragot, directeur de thèse, de Richard Klein, professeur émérite à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, Simon Texier, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Picardie Jules-Verne d’Amiens, Dominique Gauzin-Müller, professeure honoraire de la chaire UNESCO « Architecture de terre, cultures constructives et développement durable », Jean-Baptiste Minnaert, professeur d’histoire de l’art contemporain à Sorbonne Université, Estelle Thibault, professeure à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville.

Résumé

La thèse propose d’aborder l’histoire de la carrière de l’architecte français Pierre Lajus à partir de trois profils établis : celui donné par des pratiques architecturales spécifiques, décelables par les modes d’élaboration du projet, celui de la spécificité des produits architecturaux livrés, selon leurs natures et leurs fonctions, et celui des postures adoptées, que les choix des modes d’exercices du métier et de leurs champs d’intervention révèlent. La thèse, en établissant des liens entre ces pratiques, ces produits et ces postures, élabore l’histoire de l’itinéraire artistique et intellectuel de l’architecte, au sein d’une période chronologique déterminée, s’étendant de 1948, année d’obtention de son diplôme, à 2015, année où il est récipiendaire de la médaille d’honneur de l’Académie d’architecture pour l’ensemble de son œuvre.

Les conditions productives, économiques et institutionnelles de l’acte de construction, en mutation à cette période, conduisent Pierre Lajus à questionner la place de l’architecture et le rôle de l’architecte. Pour envisager des pratiques renouvelées et un positionnement plus adapté, il explore les systèmes constructifs recourant à des composants préfabriqués, et plus spécifiquement dans l’architecture bois. Il collabore régulièrement avec des entreprises de construction de maisons individuelles, s’engage dans des expériences d’enseignement et d’assistance architecturale, ainsi que dans des fonctions ministérielles.

La thèse s’appuie sur une déclaration de Pierre Lajus, qui se considère comme un « éternel étudiant », pour établir comme postulat cette constante envie d’apprendre de l’architecte, moteur de sa carrière. Nous considérons donc cette carrière comme un espace et un temps d’apprentissages continus. La thèse explique l’itinéraire pris par l’architecte par son besoin de trouver des processus conceptuels et méthodologiques pertinents à la conception de maisons individuelles économiques, qualitatives et évolutives.

Le modèle T+, conçu en 1994 pour le concours de l’Association Française des Constructeurs Bois (AFCoBois). Archives Départementales de la Gironde, fonds Lajus

Dénominateur commun de sa pratique, de ses produits et de ses postures, le programme de la maison individuelle est autant le destin que la quête professionnelle de l’architecte. Devenu spécialiste des questions de logement en France, la thèse révèle ainsi une figure de Pierre Lajus plus intellectuelle.

Léa Tichit, première lauréate de la Bourse Majid Boustany 2025

Titulaire d’une thèse d’histoire de l’art contemporain sur Les expositions d’architecture en France : des premières initiatives à une institutionnalisation (1914-1977), menée sous la direction de Gilles Ragot (université Bordeaux Montaigne, CRHA F.-G. Pariset UR 538) et Nicolas Meynen (université Toulouse-Jean Jaurès, Framespa UMR 5136), Léa Tichit est lauréate de la première bourse Majid Boustany.
 
Le Fonds Majid Boustany, créé au sein du Fonds de dotation du musée du Louvre en 2020, propose une bourse de recherche depuis 2025. Cette bourse est destinée à soutenir une recherche doctorale ou post-doctorale en histoire de l’art, archéologie ou études muséales sur un thème concernant le musée du Louvre, sans restriction de période ni d’aire géographique.
 
Le projet de Léa Tichit est intitulé « Collectionner et exposer l’architecture au musée du Louvre (1793-1989) ».  Cette dernière entend analyser comment l’architecture est considérée, conservée et exposée au musée du Louvre, de l’ouverture au public de la Grande Galerie en 1793 à l’inauguration de la Pyramide en 1989, qui a renouvelé notre regard sur ce patrimoine. Cette recherche post-doctorale se fera au sein de la direction des études muséales et de l’appui à la recherche du musée du Louvre.
 
Pour télécharger le communiqué de presse : CP-LOUVRE_laureat-prix-Denon-et-bourse-Boustany
 
 

Du haut des murs. La végétalisation des fortifications, une histoire d’art militaire 

La soutenance de l’habilitation à diriger les recherches de Nicolas Meynen, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’université de Toulouse Jean Jaurès, préparée sous la garantie du professeur Gilles Ragot, aura lieu le vendredi 22 novembre 2024 à 14 heures à l’université Bordeaux Montaigne, amphithéâtre de la Maison des Suds, Esplanade des Antilles, à Pessac. La soutenance est publique.

Le jury est composé de : Gilles Ragot, professeur en histoire de l’art contemporain à l’université Bordeaux Montaigne, garant de l’habilitation ; Valérie Nègre, professeure d’histoire des techniques, université Paris 1 Panthéon Sorbonne, rapporteur ; Jean Nayrolles, professeur d’histoire de l’art contemporain, université Toulouse Jean Jaurès, rapporteur ; Caroline Le Mao, professeure d’histoire moderne, université Bordeaux Montaigne ; Laurent Baridon, professeur d’histoire de l’art contemporain, université Lumière Lyon 2.

Résumé

La végétalisation des fortifications au moyen d’arbres, de haies, d’herbes et de gazons, est une pratique ancienne, disparue du paysage actuel, qui remonte en France au moins à Vauban (1633-1707). Une cinquantaine d’années après l’épanouissement du jardin français d’agrément à la fin de la Renaissance et surtout après la fin des Guerres de religion, apparaît sous sa plume, la mention de plantations par les militaires sur les fortifications, à savoir les ouvrages de défense. Dorénavant, parmi les éléments constitutifs du paysage de la fortification permanente des places de guerre terrestres ou côtières, tendent à se trouver des plantations sur les remparts bastionnés et les glacis dès lors que le sol est arable. Décidée et orchestrée par le corps du génie, organisée par le Ministre de la Guerre par deux tentatives en vain en 1795 et en 1833, leur présence n’a pas une trajectoire linéaire dans l’histoire de la fortification moderne et contemporaine, et pourtant leur figuration sur des relevés et sur des documents techniques de précision, indique qu’elles ne sont certainement pas là comme décorum mais en raison du rôle qu’elles ont joué principalement dans la défense passive. Peut-on parler d’un absolu idéal commun à toutes les places fortes de France ? Cette hypothèse vers laquelle tend la vision de certains ministres de la Guerre au XIXe siècle, s’avère plus nuancée et plus riche, en raison de la variété des besoins en termes de défense, d’économie, de disponibilité de bois, de salubrité, ouvrant sur des champs disciplinaires connexes, au premier abord insoupçonnés, qui n’ont pas pris en compte jusqu’ici l’existence des plantations sur les fortifications : l’histoire de la défense, l’histoire de la ville, l’histoire économique, l’histoire des paysages, l’histoire des jardins, l’histoire des techniques, l’histoire sociale et environnementale, ainsi que bien sûr l’histoire de l’art.

Défense de Paris. Abattage des arbres du bois de Boulogne dans la zone avoisinant les fortifications, gravure sur bois, 1870, par Jean-Louis Provost. Extrait de “L’Illustration journal universel”, N°1436 du 3 septembre 1870. Bib. Mun. Valenciennes, G-F19SME0003.

Si cette étude sur les plantations sur les fortifications permet de considérer la matérialité de la défense des places fortes dans son système complet, et de prendre en compte les arbres comme des acteurs de l’histoire, elle se double d’une recherche-action inédite à l’heure de l’intégration des espaces de nature urbaine. Situés au cœur des villes, ces anciens sites fortifiés devenus patrimoniaux, ont aujourd’hui un intérêt écologique évident comme le confirme l’histoire. Dans notre époque en lutte contre le réchauffement climatique, où la surenchère confère à la nature en ville des vertus toujours plus complexes, l’étude révèle le potentiel oublié qu’offrent les fortifications pour ébaucher une nouvelle forme de verdissement en cohérence avec le site et son passé défensif.

 

Patrimoines sportifs. Villes & patrimoines

Journées d’étude.  Cette manifestation scientifique – co-organisée par Sylvain Schoonbaert, chef de projets, direction de l’urbanisme, Bordeaux Métropole, et Nina Mansion-Prud’homme, maîtresse de conférences, École nationale supérieure d’architecture de Toulouse – se tiendra à Bordeaux, à la maison des sciences de l’homme, salle Jean Borde, les 17 et 18 octobre 2024.

Pour télécharger le programme : 2024 Patrimoines sportifs

 

JEUDI 17 OCTOBRE

9h00. Café d’accueil

9h30. Mots d’accueil : Alexandre Péraud, Président de l’université Bordeaux Montaigne, ou son représentant ; Christine Bost, Présidente de Bordeaux Métropole ou son représentant ; Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux ou son représentant

PREMIÈRE SESSION : INVENTORIER & RESTAURER

10h00. Présidence : Manuel Lalanne, conservateur de la CRMH, Direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine ; modération : Gilles Ragot, professeur émérite, université Bordeaux Montaigne

10h15. Christophe Bourel Le Guilloux, Conservateur régional des Monuments historiques – Les équipements sportifs en Nouvelle-Aquitaine : protéger et autoriser, un jeu d’équilibre pour la Conservation régionale des monuments historiques 

10h35. Jade Berger, architecte, maîtresse de conférences associée, doctorante – L’architecture contemporaine remarquable du sport dans le Grand Est : formations et transformations. Retours sur les enjeux méthodologiques et les perspectives offertes par le label ACR. 

10h55. Discussions, échanges, pause

11h15. Éric Claverie, maître de conférences en Staps, historien du sport, agrégé d’EPS – La réhabilitation de l’établissement « Les Bains » de Bègles : enjeux d’un processus de patrimonialisation

11h35. Claude Laroche, chercheur de l’Inventaire général du patrimoine culturel – Quand la sauvegarde patrimoniale vient à la rescousse d’une discipline sportive : la préservation des piscines Judaïque et Galin à Bordeaux 

11h55. André Suchet, maître de conférences HDR, université de Bordeaux, faculté des STAPS, LACES (EA 7437) – Les frontons de pelote basque abandonnés dans l’agglomération bordelaise. Des friches sportives entre mémoire et patrimoine

12h15. Discussion, échanges

12h30. Buffet déjeunatoire sur site

DEUXIÈME SESSION : STADES & VILLES

14h00. Présidence : Julien Sorez, maître de conférences en histoire du sport, université Paris Nanterre ; modération : Constance Ringon, maîtresse de conférences en HCA, ENSA Toulouse

14h15. Marc Demailly, écrivain spécialiste de l’architecture et de l’urbanisme – Les stades : catalyseurs de régénération urbaine et enjeux d’intégration architecturale et paysagère.

14h35. Florian Grollimund, technicien inventaire du patrimoine Bordeaux Métropole – Un stade disparu et oublié : le premier parc des sports de Lescure à Bordeaux

14h55. Cécile Devos, attachée de conservation du patrimoine à Pau et docteur en histoire de l’art et archéologie – Pau « Reine des sports », stades et terrains de jeux comme levier de développement urbain

15h15. Discussion, échanges, pause

15h45. Florence Rinaldo, doctorante Sorbonne Université – Une cité dans la cité : la construction du stade Charléty par Henri et Bruno Gaudin

16h05. Manon Espinasse, doctorante, architecte et urbaniste / CIFRE Bordeaux Métropole – La plaine des sports de Bordeaux Nord, d’un territoire d’expansion urbaine à un territoire d’entrée métropolitaine

16h25. Fabien Bellat, docteur en histoire de l’architecture, chercheur EVCAU, ENSA Paris-Val de Seine – Stades soviétiques : une culture massive du sport, un patrimoine menacé

17h00. Discussion, échanges

17h20. Stéphanie Vincent, présentation des éditions un@

17h30. Franck Delorme, présentation de l’ouvrage Les sports en France de l’Antiquité à nos jours : Une histoire, un patrimoine

 

VENDREDI 18 OCTOBRE

9h00. Café d’accueil

9h30. Mots d’accueil : Sandro Landi, directeur de la Maison des sciences de l’Homme, Bordeaux ; Laurent Houssais, directeur du centre de recherches en histoire de l’art François-Georges Pariset (UMR 538) ; Nathalie Bouchain, directrice de l’urbanisme, Bordeaux Métropole

TROISIÈME SESSION : GESTION & VALORISATION DU PATRIMOINE SPORTIF

10h00. Présidence : Franck Delorme, attaché de conservation à la Cité de l’architecture et du patrimoine ; modération : Sylvain Schoonbaert, chef de projets, direction de l’urbanisme Bordeaux Métropole 

10h30. Benjamin Delaunay, architecte et doctorant – Le plastique : une réponse pour l’éclairage des édifices sportifs des Trente Glorieuses

10h50. Damien Bruneau, agrégé de géographie et chargé de cours Rennes 2 – Bien situés, mal protégés : la patrimonialisation contrariée des hippodromes français

11h10. Discussions, échanges, pause

11h30. Manon Lurettigh, diplôme de master en histoire – L’histoire des hippodromes en France au XIXe siècle : logique d’établissement et travail de conservation

11h50. Jean-François Loudcher, professeur des universités (STAPS), université de Bordeaux (LACES EA 7437) ; Éric Claverie, maître de conférences en histoire du sport, université de Bordeaux (LACES EA 7437) ; Serge Vaucelle, maître de conférences HDR, université Toulouse III (CreSco UR 7419) – Élaborer des Routes culturelles du sport dans le sud-ouest : de l’héritage au patrimoine – réflexions, état et perspectives

12h20. Discussions, échanges

12h30. En guise de conclusion : Franck Delorme, attaché de conservation à la Cité de l’architecture et du patrimoine

12h40. Buffet déjeunatoire sur site

14h30. Visite de la piscine Galin, 80 rue Galin 33 100 Bordeaux (arrêt tram A Galin) avec Claude Laroche et l’atelier Ferret architectures (sur inscription)

Camille Moulinier, lauréate du prix Robert Coustet 2023

Le Corbusier, « Pessac », L’Architecture vivante, automne-hiver 1927, p. 29-32

Actuellement doctorante au Centre de recherche en histoire de l’art F.-G. Pariset (UR 538), Camille Moulinier a obtenu le prix Robert Coustet 2023 pour son mémoire de maîtrise : La réception des Quartiers Modernes Frugès (1926-2016). Entre idéal social et artistique, la construction d’un discours critique et l’interprétation d’une expérience architecturale au cours des XXe et XXIe siècles. Ce mémoire, dirigé par Gilles Ragot, a été soutenu en 2018.

En 1982, Robert Coustet signait dans les pages de Sites et monuments un vibrant plaidoyer intitulé « Peut-on sauver la cité Frugès ? » L’historien de l’art alertait alors sur l’état de dégradation de cet ensemble majeur, tant dans l’œuvre de Le Corbusier que dans l’histoire de l’architecture du XXe siècle. Un an après la mort de son architecte, en 1965, le maire de Pessac, Jean-Claude Dalbos, avait entrepris des démarches pour faire classer la cité aux Monuments historiques. Cette initiative, longtemps infructueuse, n’avait débouché, en 1980, que sur le classement d’une maison. Robert Coustet recommandait dans son article l’acquisition d’une maison témoin par la mairie, ce qui fut fait en 1983, et on lança à cette époque une première étude afin de mettre en place une politique de restauration et de sauvegarde de l’ensemble des 51 maisons, construites dans les années 1920 par Le Corbusier et son cousin, Pierre Jeanneret, à la demande de l’industriel bordelais Henry Frugès. Cet ensemble proposait des solutions innovantes pour résoudre les problèmes du logement social.

La cité Frugès a suscitée de nombreuses critiques à l’époque de sa création. Elle a fait l’objet de multiples transformations de la part de ses habitants avant qu’un processus de revalorisation et de patrimonialisation ne se mette en place et débouche sur un classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016, sur la liste de l’œuvre architecturale de Le Corbusier. Gilles Ragot fut l’un des principaux artisans de cette entreprise.

En portant son attention sur la réception de la cité Frugès à l’échelle locale, nationale et internationale, le tout sur près d’un siècle, Camille Moulinier a signé un travail aussi scrupuleusement documenté que novateur. Elle a su confronter l’opinion des spécialistes – architectes, critiques et historiens – à celle des habitants.

Son étude montre que la cité Frugès, au-delà des critiques reçues, est passée relativement inaperçue à Bordeaux et dans sa région, que sa modernité, souvent incomprise, fut perçue par le grand public comme non familière, étrange, voire étrangère puisqu’elle semblait faire écho à l’architecture méditerranéenne ou orientale. Parallèlement, Camille Moulinier étudie pour la première fois en détail le large écho qu’elle a suscité dans le milieu architectural, en France et à l’étranger, tout au long du XXe siècle, dans l’entre-deux-guerres mais également bien plus tard, dans les années 1970, lorsque l’architecture moderne et ses principes sont contestés. La cité se retrouve alors au cœur du débat architectural international, notamment dans les propos d’un architecte américain, Charles Jencks, qui la prend en exemple pour affirmer la mort de l’architecture moderne en 1977.

Les enjeux de ce mémoire dépassent donc de loin l’histoire locale : Camille Moulinier a signé par cette entrée un travail éclairant sur les conditions d’émergence et d’affirmation de l’architecture moderne, de son renouvellement, des débats auxquels elle a donné lieu, puis de sa patrimonialisation.

La remise du prix s’est déroulée le 21 mai, dans les salons de la mairie de Bordeaux. Les prix ont été remis par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et de Maxime Lebreton, président fondateur de Mécénart, président du jury du Prix Coustet.

Les archives iconographiques et audiovisuelles de la Reconstruction en France, de 1940 aux années 1960

Fruit d’un partenariat entre les Archives nationales et les Écoles nationales supérieures d’architecture, la journée d’étude sur « les archives iconographiques et audiovisuelles de la Reconstruction, de 1940 aux années 1960 », qui s’est tenue en 2021, s’inscrit dans un programme de recherche initié par le Bureau de la recherche architecturale urbaine et paysagère [BRAUP] du ministère de la Culture, intitulé « Architecture du XXe siècle, matière à projet pour la ville durable du XXIe siècle » (2016-2020).

Intitulée « Intervenir dans les logements reconstruits : de la méthodologie de recherche aux stratégies d’action », la recherche dirigée dans ce cadre par Christel Palant proposait, dans l’esprit de l’appel à projet, une articulation forte entre recherche, enseignement et stratégies d’intervention, sur un patrimoine souvent qualifié d’« ordinaire », mais qui constitue aujourd’hui une grande part de notre cadre de vie, urbain et bâti.

Ce premier état des lieux sur les sources iconographiques et audiovisuelles de la Seconde Reconstruction, disponibles dans les fonds d’archives publiques, doit permettre de donner aux chercheurs et aux professionnels œuvrant dans les territoires et les collectivités locales, une meilleure visibilité de la richesse des fonds disponibles et des possibilités qu’elles offrent, et ainsi concilier connaissance scientifique et intervention sur l’existant.

La publication, en ligne, est consultable ici :

https://books.openedition.org/pan/2911